lundi 28 septembre 2015

Oui, la crise actuelle des stocks de lait de boisson UHT va encore perdurer sauf si...

Oui, la crise actuelle des stocks records de lait de boisson UHT (plus de 65 000 000 L) va perdurer et ne sera pas résolue de sitôt.
 
Je ne vais pas m'attarder sur les causes, et les risques méritent mieux d'être discutés.
 
Si cette crise ne fait pas l'objet d'une batterie de mesures législatives et financières immédiates, toute la filière sera menacée : i) abattage d'une grande partie du cheptel, ii) récession au niveau de la collecte et de la transformation, iii) et un grand opérateur économique risque de faire faillite.
 
Mes propositions sont loin d'être exhaustives, mais elles peuvent être un socle ou une ébauche pour diriger la filière laitière vers la porte de secours.
 
1. Faire face au commerce illicite de lait cru pour dynamiser la consommation du lait UHT (ou stérilisé), la loi interdisant la vente directe de lait cru aux consommateurs existe mais elle n'est nullement appliquée et certains officiels la considèrent même comme une "loi scélérate". Certes le lait cru présente beaucoup de vertus, mais dans notre pays les risques sanitaires sont bien réels avec un cheptel qui n'est pas indemne en terme de tuberculose et de brucellose.
 
2. Les industriels et le GIVRLAIT auront à communiquer par rapport à ce produit. Une large frange des consommateurs croient encore que le lait UHT est un lait régénéré.
 
3. Distribuer dans certaines régions à chaque écolier de l'enseignement primaire un verre de lait à l'heure de la récréation. Cette politique de l'Etat qui prévalait dans les années 1960 et 1970 pourra dynamiser la consommation du lait et permettre aux écoliers de certaines régions du pays d'accéder à un aliment de base sain et nutritif.
 
4. Prévoir dans le budget de 2016 une ligne pour financer l'exportation de nos produits laitiers vers d'autres marchés autres que la Libye. Notre lait de boisson UHT a perdu en compétitivité mais reste attractif pour certaines marques connues pour leur sérieux et leur qualité.
 
Ces mesures urgentes ne doivent pas nous faire oublier la réflexion nationale et le travail de fond que mérite la filière laitière en Tunisie. Notre stratégie pour les quinze prochaines années doit tourner autour de l'organisation du métier de l'élevage, le groupement des éleveurs dans des structures viables, la refonte du réseau de la collecte de lait et la création d'une interprofession indépendante de toute tutelle.
 
J'en reviendrai dans une prochaine note.