jeudi 26 juin 2008

Prochaines notes

L'absence de publication de notes ces derniers mois est principalement due à des obligations professionnelles. Pour le redécollage de ce blog, j'essayerai de publier une à deux notes par semaine. Les thèmes qui seront débattus prochainement toucheront à La collecte de lait en tunisie, à l'organisation de cette collecte, l'impact de la dernière crise sur le cheptel et sur l'industrie laitière, les leviers d'action pour éviter les pénuries,...

Evidemment, vos suggestions seront les bienvenues. A très bientôt
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1 commentaire:

kastalli a dit…

La grande menace : Grave crise de l’élevage

La grande menace :
Grave crise de l’élevage

Actuellement le secteur qui a réagi à la crise c’est le secteur de l’élevage, il vit une crise sans précédent. Les éleveurs du Centre et du Sud tunisien sont entrain de liquider leurs cheptels ils n’arrivent plus à entretenir leurs bétails avec la flambée des prix de l’orge ,du mais et du soja . L’éleveur alimente son troupeau au prix de la mondialisation et il vend sa viande et son lait à des prix du marché tunisien. Le prix de la viande a chuté de 25% et l’aliment pour bétail a doublé. Pour que l’éleveur retrouve sa marge net de l’année dernière, le consommateur doit acheter le kilogramme de viande ovine à 16 dinars, or le marché tunisien a ses limites. Un marché caractérisé par des consommateurs dont leur pouvoir d’achat est laminé de jour en jour.

L’année de toutes les bousculades

Tout le système de vulgarisation va être bousculé, la notion d’assolement mis en place par les efforts des chercheurs, des techniciens et des agriculteurs va être compromise. Les agriculteurs vont être tentés, par les prix des céréales, de faire de la monoculture (paille sur paille) sans être conscient à long terme des risques de ce choix.. Le parcellaire destiné aux cultures maraîchers sera réduit au profil de la céréaliculture, les patates, les poivrons, les oignons, les petits pois, les tomates, les persils, ,,,les artichauts leurs prix vont connaître des hausses vertigineuses. Les usines et les marchants de légumes vont se disputer les tomates au marché de gros de Bir El Kaçâ. L'industrie de l'agroalimentaire va connaitre des perturbations suite à la hausse des prix de la matière première. Pendant L’Aïd 2008 le meilleur mouton ne dépassera pas 200 dinars mais pour L’Aïd 2009 le mouton le plus chétif coûtera plus que 400 dinars


Mesures à prendre

Une économie menacée d’effritement.
Stimuler la consommation par l’injection d’argent sur le marché y compris l’amélioration du pouvoir d’achat en révisant les notions qui évoquent que la Tunisie est un pays compétitif par ces bas salaires. La Tunisie ne peut pas rester éternellement compétitif par des bas salaires , au contraire elle doit transiter vers la qualité en mettant en valeur ses ressources humaines tout en tirant profil des résultats du programme de mise à niveau .

Une crise qui entrainera avec elle des multi crises
Beaucoup de pays dans le monde ont tendance à se paupériser donc la compétitivité, du patronat tunisien par les bas salaires, n’est pas garantie. Oui à l’amélioration notable du revenu du tunisien et oui aussi à la flexibilité du marché du travail. Mais comment faire ? La crise alimentaire ne doit pas être prise à la légère elle peut mettre en péril l’économie nationale par effet de ricochet ; l’industrie tout secteur confondu, le commerce et les services.. Comme a dit : Josette Sheeran, directrice exécutive du PAM un "tsunami silencieux" . Effectivement pour la Tunisie il faut éviter ce tsunami. Car une crise entrainera avec elle des multi crises comme le cas de la crise des sub-primes aux Etats Unis. (D’une crise de l’immobilier par effet de courroie de transmission vers une grave crise financière et la récession de toute l’économie des USA). Donc il faut trouver de l’argent et l’injecter dans la poche des tunisiens. Où et comment? Chercher coûte que coûte chez les bailleurs de fonds, nos amis du golf. C’est le prix de la sauvegarde et de la préservation de notre système productif (industrie, commerce, agriculture et services) ainsi que le prix de la paix sociale et de la stabilité politique. La décision doit dépasser le clivage des grands commis, on voit bien l’impact du ‘’putsch des technocrates et l’hégémonie des énarques ’’ qui reflète l’impasse dans le quel nous y sommes, par l’absence totale de stratégie cohérente et de politiques adaptées. On se demande aussi sur la crédibilité du système de planification, doit-on se fier aux prévisions des grands commis de l'état ? Et pourquoi n'ont-ils pas prévu de telles situations ? Pourquoi ils se sont contentés seulement de l'équilibre du budget de l'état sans se soucier des phénomènes d'échange exogènes responsables des grands équilibres régionaux ? Une fois on a dépassé cette crise sans casse, la Tunisie sera propulsé à un rang meilleur car elle a su maintenir en harmonie son système productif et préserver les acquis et soutenir l’effet ‘’richesse des ménages’’.

L’urgence actuelle c’est de :
1/Créer des structures relais (centres tampons) qui achètent la viande pour éviter l’effondrement du secteur
2/Fournir aux éleveurs un crédit de 60 dinars pour chaque brebis et 600 dinars pour chaque vache. Un crédit qui sera remboursable sur quatre tranches avec deux années de grâce et sans intérêt. Ceci pour arrêter la fièvre vendeuse et stabiliser les Souks hebdomadaires.
3/Stimuler la consommation par une amélioration notable des salaires et en rassurant le patronat par une législation plus souple en matière d’emploi (flexibilité de l’emploi)
4/Identifier le cheptel par un système de numérotage pour chaque brebis et chaque vache
5/Faire de l’office de l’élevage le dépositaire de ce système d’indentification du cheptel avec une base de donnée partagée entre les opérateurs de développement y compris le ministère de l’intérieure pour éradiquer les voles répétitifs des bovins et des ovins
6/ Organiser les abattoirs et les marchés hebdomadaires en interdisant l’entrée de tout animal qui ne porte pas un numéro. Appliquer des mesures d’hygiènes dans les souks hebdomadaires pour éviter les épizooties en confisquant et en détruisant les bêtes malades pour qu’aucun éleveur n’ose plus vendre une bête malade au souk (Langue bleue, brucellose, et autres maladies contagieuses)
7/ Règlementer le transport du bétail en exigeant que chaque bête doit porter un identifiant
8/ Créer une cellule de veil permanente composée des représentants de la profession du district de la sureté nationale de la région et du gouverneur pour arrêter à temps tout acte de banditisme qui terrorisent le l’éleveur et menace son cheptel.
9/Préparer les structures professionnelles à prendre en charge le secteur par la formation, la vulgarisation, l’animation et la dynamique de groupe. Développer les capacités des structures pour qu’elles puissent identifier ses besoins, les formuler, les négocier et l’exécuter. Il faut que ces structures soient un interlocuteur et un partenaire dans la prise de décision.
10/Une fois le système d’identification est mis en place il faut le faire suivre du système de la qualité et de la traçabilité ; les structures doivent être un acteur déterminant et actif dans la production qualitative et la traçabilité en appliquant le slogan de ‘’la fourche à la fourchette’’

Réorganiser le secteur

Il ne faut pas que l’éleveur se décourage, il est responsable du maintien de l’équilibre socio-économique de l’arrière pays. Et si cet équilibre fût rompu il serait difficile de redresser la barre, c’est l’effondrement total d’une filière et d’un mode économique auquel est érigé tout un système paysan fondé sur des relations de maintien et d’appartenance au terroir . - Pour éviter les difficultés structurelles et organisationnelles et mieux cerner les responsabilités et éviter les négligences tout en améliorant la capacité productive de la région, une restructuration est nécessaire et urgente qui touchera les aspects institutionnels comme le système de vulgarisation, le système de la production végétale et le système de la production animale Pour ce faire il faut : a) : La création de l’office de la production végétale un office qui lui sera affecté les moyens et l’effectif actuel de la direction de la production végétale. b) : Transférer les moyens et les effectifs actuels de la direction de la production animale à l’office de l’élevage. Cette restructuration est impératif dans la mesure où elle réduit les intervenants et le chevauchement des taches et installera l’équivalent d’un guichet unique c) : Installation et diffusion du paquet technologique pour une vulgarisation ciblée et pragmatique par l’élaboration d’un référentiel technique pour chaque zone bio-climatique, mis à la disposition des groupements de producteurs comme guide technique et méthodologique ce référentiel comportera des scénarios d’approches selon l’année pluvieuse ,sèche ou moyenne .Par ces différents scénarios toute les régions seront couvertes et ainsi les agriculteurs pourront puiser le paquet technologique adéquat

Kastalli chérif
Agriculteur Béja
Président de l’Association Méditerranéenne Pour le Développement
5 rue Ibn Rachiq Béja 9000

kastallicherif@gmail.com
http://kastallicherif.blogspot.com/