mercredi 5 novembre 2014

Quels Leviers d'action pour une meilleure profitabilité et éviter l'inflation galopante du prix de lait cru?

Nul ne conteste le fait que le prix du lait doit être rémunérateur et en adéquation avec les efforts fournis par les éleveurs.

Cependant, si on dissèque la problématique de la faible profitabilité actuelle du lait, on apercevra systématiquement une corrélation positive avec : la productivité moyenne de la vache laitière (indépendamment de sa race), et le niveau d’encadrement dont bénéficie l’éleveur laitier.

L’éleveur laitier est laissé pour compte alors qu’il y a tant de leviers d’action simples à actionner. Je cite entre autre : i) l’abreuvement, ii) la production de fourrages grossiers et d’aliments composés de qualité, iii) les conditions de traite et de stockage de lait au niveau de l’exploitation agricole

Dans mes pérégrinations au niveau des circuits primaires, un constat alarmant s’impose : i) 100% des éleveurs limite l’accès à l’eau à leurs vaches, ii) 95% des éleveurs pratiquent la traite incomplète, iii) 90% des éleveurs stockent leur lait dans des récipients non alimentaires (bidons en plastiques,…)

Certains officiels et syndicats cautionnent et défendent ces aberrations alors qu’une simple journée de sensibilisation et un accord avec le collecteur suffisaient dans la plupart des cas à limiter ces phénomènes.


La tâche reste titanesque et à terme en l’absence d’une stratégie laitière axée sur l’amélioration de la productivité et de la qualité, notre souveraineté alimentaire et l’avenir de tout l’espace rural sont menacés

jeudi 23 octobre 2014

Il faut que les collecteurs s'investissent dans la vulgarisation...

Au cours de mes pérégrinations périodiques dans le monde rural (centre ouest) et après un diagnostic de plusieurs circuits primaires de collecte je n'ai retenu que ces deux chiffres alarmants : 90% des éleveurs pratiquent la traite incomplète et 95% des éleveurs n'utilisent que des ustensiles non alimentaires (bidons en plastic, sots en plastic, bouteilles en plastic,...). Je vous laisse imaginer la charge microbienne du lait et sa richesse en matières utiles....

Au jour d'aujourd'hui les transformateurs, les collecteurs et les producteurs ont gagné en profitabilité (grâce à la dernière augmentation de prix). Rien n'empêche désormais les premiers d'investir dans l'amont laitier en distribuant des équipements laitiers, et rien n'empêche plus les seconds d'investir en ressources humaines allouées à la vulgarisation et l'encadrement technique des éleveurs.

Les syndicats des agriculteurs auront désormais à batailler dans ce sens pour maintenir la profitabilité des éleveurs (amélioration de la productivité grâce à la valorisation de la ration de base, grâce à des animaux en bonne santé, grâce à une diminution des mammites et des frais vétérinaires,...) au lieu de choisir la voie de l'inflation qui ne mènera à terme qu'à la ruine de toute une filière.

mardi 21 octobre 2014

Nouvelle augmentation de prix encore une fois ratée...

Le lait cru tunisien est devenu plus cher que lait européen avec une qualité moindre. Je crois qu’il est temps d’adopter une nouvelle approche pour garantir la profitabilité de tous les intervenants de la filière (exception faite des colporteurs). Je propose entre autres de : 

i)           Mettre en place un prix minimum garanti durant la haute saison de production et un prix minimum garanti durant la basse saison de production. Une telle mesure aura pour objectif d’atténuer la saisonnalité en incitant les éleveurs à produire durant cette dernière saison en préservant le même niveau de la qualité de lait cru durant la haute saison de production.

ii)            Indexer le prix de vente du lait demi écrémé sur le taux de change et le prix de l’énergie. Une telle mesure permettra le développement de la collecte et de la transformation.

iii)             Prélever un pourcentage de chaque augmentation pour la création de l’interprofession tout en révisant systématiquement vers la hausse, les normes tunisiennes d’acceptation du lait cru. Cette mesure permettra aux industriels et aux collecteurs d’encadrer les éleveurs.

iv)     Le prix minimum garanti doit être plus substantiel pour les éleveurs adhérents à un Groupement ou à une Société Mutuelle de Base de Services Agricoles. Cette mesure permettra à terme de regrouper les éleveurs autour d’une même étable ou autour d’une même salle de traite ou autour d’un même mini tank de stockage et d’imbriquer suite ça tous les services connexes (insémination, unité de fabrication d’aliments composés, centre d’élevage de génisses,…)

Une seule chose manque à cette batterie de mesures : LA VOLONTÉ POLITIQUE


A BONS ENTENDEURS

jeudi 24 avril 2014

Que reste-t-il des missions de l’Office de l’Elevage et des Pâturages (OEP)?

L’OEP a été créé en 1966 sous forme d’une entreprise publique à caractère non administratif placée sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Dès sa création l’OEP a été chargé du développement des ressources animales et fourragères avec ce que ça impliquait comme promotion des nouvelles techniques de l’élevage et gestion des ressources fourragères.

On peut résumer les missions de l’OEP en :

1.    Développement des ressources fourragères et pastorales
2.      Promotion des techniques de l’élevage
3.      Développement et suivi économique du secteur de l’élevage

Pendant très longtemps l’OEP a été l’initiateur et le promoteur des stratégies laitières en Tunisie durant les 3 décennies qui avaient suivi sa création. Les résultats sont là avec ce qu’ils comportent comme forces et carences.

Avoir Cantonné l’OEP, depuis environ deux décennies, dans un rôle d’attributaire d’agréments et de suivi des subventions a été à mon avis un mauvais choix stratégique qui a porté préjudice à toute une filière.
Il est plus qu’urgent de réactiver cette structure en l’élargissant ou en la fusionnant avec d’autres entités sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Je pense notamment à l’OTD et la DGSV…

dimanche 20 avril 2014

Ce que vous devriez savoir sur tout ce que se dit sur le lait…

La désinformation ne touche pas uniquement le domaine de la politique mais elle a étendu son spectre pour toucher d’autres domaines et sans prendre le temps d’enquêter, d’interviewer et de synthétiser l’essentiel.

Il y a quelques jours on voyait sur nos écrans de télé des gens qui déversait du lait avec une mine déconfite et appellent au scandale… Le commun des mortels se posait la question suivante : « mais pourquoi on ne donne pas ce lait aux pauvres et aux nécessiteux ? » ; « quelle honte pour ces industriels qui ne craignent pas Dieu… »…

La vérité est malheureusement ailleurs. Je m’explique :
  • 1.      Ce qui a été déversé est un liquide blanc qui ressemblait à du lait
  • 2.      Le colportage est encore interdit, et la personne avec la mine déconfite n’a aucune existence légale. C’est comme si un vendeur de carburant de contrebande demandait aux autorités d’obliger les citoyens de lui acheter sa marchandise au lieu de se diriger vers les kiosques…
  • 3.      Tout le lait qui a été détruit ces derniers jours est un lait non conformes aux normes tunisiennes


Donc messieurs les colporteurs, les collecteurs et pseudo défenseurs des éleveurs arrêtez cette parodie…