mardi 8 décembre 2015

2016 : Lorsque la filière lait est plus menacée que jamais…

L'année 2016 sera l'année de tous les dangers pour la filière lait, si les pouvoirs publics et les professionnels du lait ne trouvent pas les solutions adéquates pour commercialiser le stock actuel de 54 000 000 L de lait demi-écrémé.
Si ce stock ne diminue pas de 30 000 000 L au 31/01/16, la réception industrielle (lait cru accédant à tous les sites industriels du pays) sera entravée voire, revue à la baisse par rapport à la haute saison de production de 2015. Par conséquent le réseau de collecte sera impacté négativement ainsi que les producteurs de lait. Le risque sur le cheptel n'est pas sujet à équivoque. A vous de deviner, le coût de la reconstruction de toute une filière...
Les mesures prisses jusqu'à présent par les pouvoirs publics visant à soulager ce stock restent louables mais insuffisantes et sont restées sans suite. Au jour d'aujourd'hui, les ministères engagés dans le processus d'achat d'environ 10 000 000 L (de lait demi-écrémé) n'ont pas tous honoré leurs engagements.
Dans une précédente note du 28/09/15 : http://bloglaitiertunisien.blogspot.com/2015/09/oui-la-crise-actuelle-des-stocks-de.html, ,ous avons proposé un certain nombre de mesures qui ont été de nature à soulager tous les industriels, citons entre autres : i) la distribution dans certaines régions à chaque écolier de l'enseignement primaire un verre de lait à l'heure de la récréation, et ii) la  prévision dans le budget de 2016 une ligne pour financer l'exportation de nos produits laitiers vers d'autres marchés autres que la Libye.
Nous croyons plus que jamais en l'urgence de l'activation de ces deux mesures en vue du rachat de tout le stock de lait demi-écrémé : Que valent 50 000 000 Dt face à la survie et la préservation de toute une filière?
Nous espérons ne pas prêcher dans le désert, même si l'immobilisme des ministères de tutelle nous inquiète…

mardi 24 novembre 2015

La Filière Lait en Tunisie et le syndrome de la "Réunionite Aiguë"

Depuis plus d'une décennie la filière lait en Tunisie est atteinte du syndrome de la "Réunionite Aigue". Les réunions relatives à l'avenir de cette filière se succèdent avec très peu de résultats. Les problématiques restent les mêmes et les propositions de résolution se répètent à l'identique d'une réunion à l'autre.
La dernière réunion en date est celle organisée le 19/11/15 par le CRDA de Kairouan visant à identifier les leviers susceptibles de promouvoir l'élevage dans ce gouvernorat.
Même si l'initiative reste louable, dans un gouvernorat sans tradition laitière, cependant, vouloir bâtir une "Stratégie" de toute une filière par des workshop de quelques minutes, ne me semble pas une démarche judicieuse pour promouvoir un secteur fort intéressant mais très fragile si les mêmes contraintes définies dans les autres gouvernorats et reproduites dans le gouvernorats de Kairouan ne sont pas levées.
Je crois qu'il est grand temps pour les autorités de tutelle de déterrer tous les anciens procès-verbaux de toutes les réunions depuis 2000 et en faire une méta-analyse. A défaut de moyens, il est grand temps que ces mêmes autorités de tutelle passent la main à une interprofession autonome pour bâtir et régir une stratégie pour une filière lait encore très prometteuse en terme de création de richesse dans notre pays.

A bon entendeur

lundi 28 septembre 2015

Oui, la crise actuelle des stocks de lait de boisson UHT va encore perdurer sauf si...

Oui, la crise actuelle des stocks records de lait de boisson UHT (plus de 65 000 000 L) va perdurer et ne sera pas résolue de sitôt.
 
Je ne vais pas m'attarder sur les causes, et les risques méritent mieux d'être discutés.
 
Si cette crise ne fait pas l'objet d'une batterie de mesures législatives et financières immédiates, toute la filière sera menacée : i) abattage d'une grande partie du cheptel, ii) récession au niveau de la collecte et de la transformation, iii) et un grand opérateur économique risque de faire faillite.
 
Mes propositions sont loin d'être exhaustives, mais elles peuvent être un socle ou une ébauche pour diriger la filière laitière vers la porte de secours.
 
1. Faire face au commerce illicite de lait cru pour dynamiser la consommation du lait UHT (ou stérilisé), la loi interdisant la vente directe de lait cru aux consommateurs existe mais elle n'est nullement appliquée et certains officiels la considèrent même comme une "loi scélérate". Certes le lait cru présente beaucoup de vertus, mais dans notre pays les risques sanitaires sont bien réels avec un cheptel qui n'est pas indemne en terme de tuberculose et de brucellose.
 
2. Les industriels et le GIVRLAIT auront à communiquer par rapport à ce produit. Une large frange des consommateurs croient encore que le lait UHT est un lait régénéré.
 
3. Distribuer dans certaines régions à chaque écolier de l'enseignement primaire un verre de lait à l'heure de la récréation. Cette politique de l'Etat qui prévalait dans les années 1960 et 1970 pourra dynamiser la consommation du lait et permettre aux écoliers de certaines régions du pays d'accéder à un aliment de base sain et nutritif.
 
4. Prévoir dans le budget de 2016 une ligne pour financer l'exportation de nos produits laitiers vers d'autres marchés autres que la Libye. Notre lait de boisson UHT a perdu en compétitivité mais reste attractif pour certaines marques connues pour leur sérieux et leur qualité.
 
Ces mesures urgentes ne doivent pas nous faire oublier la réflexion nationale et le travail de fond que mérite la filière laitière en Tunisie. Notre stratégie pour les quinze prochaines années doit tourner autour de l'organisation du métier de l'élevage, le groupement des éleveurs dans des structures viables, la refonte du réseau de la collecte de lait et la création d'une interprofession indépendante de toute tutelle.
 
J'en reviendrai dans une prochaine note.

 

jeudi 28 mai 2015

Et si la SOTUDEL (Société Tunisienne des Dérivés du Lait) n’était pas un cas isolé? Et si on se penchait un peu plus sur les conditions de fabrication des dérivés du lait dans les crèmeries?

La campagne entreprise par les autorités de tutelle pour assurer des produits agroalimentaires salubre aux citoyens est plus que louable. Cependant, cette campagne doit s’inscrire dans le temps et aller jusqu'au bout pour éliminer tous les fraudeurs et électrons libres qui enveniment les différentes filières du secteur agro-alimentaire. L’exemple de la SOTUDEL (Société Tunisienne des Dérivés du Lait) montre qu'il est urgent de contrôler les conditions de la transformation laitière qu'elle soit industrielle ou artisanale.


Cependant, les ateliers artisanaux ou les arrières boutiques des crèmeries ne doivent pas être épargnés par cette campagne de contrôle. Si les contrôleurs visitent les où sont fabriqués les Ricotta, la mozzarella, le fromage râpé, le Raieb, le lben,…, ils "découvriront" beaucoup de surprises relatives aux conditions de fabrication, de conservation et de stockage. Et ils seront encore plus "surpris" lorsqu'ils "découvriront" que le lait ayant servi pour la fabrication est d’origine inconnue.

Ceux des officiels qui essayeraient de banaliser l’impact de ce type de production, je dirais que ce "lait noir" représente entre 30% de la production nationale (environ 400 000 000 L/an).


Alors, Messieurs les officiels seriez-vous convaincus pour nous éviter une telle pourriture?

lundi 18 mai 2015

Centres Steppique et Littoral : Lorsque le ruminant est conduit comme un monogastrique avec le silence complice des différents intervenants…


Il est de notoriété publique que la quasi-totalité des élevages hors sole fourragère sont largement tributaires des aliments composés industriels ou fermiers. La Tunisie ne fait pas l’exception.
Cependant, l’exception tunisienne réside dans le fait que :


i) le contrôle de l’origine et de la qualité de ces aliments composés reste laxiste,

ii) les quantités distribuées n’obéissent qu’au degré de cupidité de commerciaux peu scrupuleux, qui vont jusqu’à inviter des pseudo experts étrangers pour recommander des distributions uniquement en 2 reprises de 18 kg et plus par jour…. Au diable les problèmes d’acidose, la richesse de lait en matières utiles et d’infertilité des vaches,

iii) il y a quelque temps un aliment farineux à bas prix et à bas valeur nutritive (le fameux BAM) fait ses ravages dans les gouvernorats limitrophes à l’Algérie, des stocks entiers sont exposés, vendus et troqués au vu et au sus des autorités de tutelle…. Sans aucune réaction de ces dernières. Serait-ce par peur, par manque de moyens, par laxisme? Serait-ce un silence complice? La réponse importe peu. Le diagnostic est là : Un cheptel qui souffre, des éleveurs qui souffrent et des industriels qui souffrent…

Messieurs les officiels, il est grand temps de prendre le taureau par les cornes…


lundi 27 avril 2015

Une Haute Saison de Production sans problèmes, mais...

Les intervenants dans la filière lait sont unanimes par rapport à la bonne santé de la filière durant ce premier tiers de l’année. Les incidents relatifs à l’inadéquation entre la production, la collecte et la transformation durant cette période de l’année sont quasiment absents (pas de longues files d’attente devant les unités de transformation, pas de destruction de livraisons de lait cru,…).

Les origines de cette bonne santé sont :

i) Une saison de haute production tardive au vue des conditions climatiques défavorables dans les régions du nord induisant une entrée tardive en production de la population bovine de race locale et mixte.

ii) Mais surtout, la capacité additionnelle permise pas la nouvelle laiterie de Sidi Bouzid (+400 000 L/j en moyenne) a permis de soulager les fournisseurs du centre ouest et du sud-ouest, tout en dynamisant la production et la collecte dans ces régions.

Cependant, l’analyse comparative de la consommation du lait UHT (principal produit laitier fini) révèle des résultats inquiétants pour la seconde partie de l’année, où le risque de pénurie demeure relativement grand au vu des résultats de cette analyse.

De l’avis général, la croissance de la consommation du lait UHT de +10% entre 2014 vs. 2013 (environ +50 000 000 L) a plutôt profité à la contrebande transfrontalière qu’au marché local.

Les chiffres du premier trimestre 2015 vs premier trimestre 2014 montrent que la croissance de la consommation du lait UHT est de +11,5% (environ 15 000 000 L), alors que cette croissance n’a été que de +7,7% (environ +8 200 000 L) entre le premier trimestre 2014 vs. Premier trimestre 2013.

Messieurs les Officiels, il y a urgence pour intervenir et pour arrêter cette hémorragie, sauf si délibérément nos frontières sont devenues plus perméables…