jeudi 6 mai 2010

Stock Technique de lait de boisson

Comme chaque année la décision du ministère du commerce relative à la constitution d’un stock de régulation du marché en lait de boisson vient de paraître dans le JORT (40 000 000 L au 31/07/10). Cette initiative louable permet de réguler le marché durant la période de basse production (de septembre jusqu’à janvier) et permet d’éviter l’importation du lait de boisson pour contrecarrer la pénurie qui accompagne généralement cette période.

Pour parfaire cette stratégie de stockage le ministère du commerce a assigné depuis quelques années des quotas de stockage à chaque laiterie fabricant du lait de boisson. Ces quotas sont proportionnels aux parts de marché de chaque marque. Par ailleurs, il a assigné des niveaux de stocks mensuels qu’il veille rigoureusement à leur application. Et comme ces mesures restaient insuffisantes, on a assisté aussi dans le passé à la mise en place de certaines mesures interdisant la fabrication de sous produits (yaourt, lait fermenté, lait entier, lait écrémé, lait enrichi,…) afin de diriger tout le lait parvenant aux quais de réception des laiteries à la fabrication du lait demi-écrémé.

Malgré toutes ces mesures draconiennes on a assisté durant la dernière basse saison de production à une pénurie de qualité et non pas de quantité. En effet, les consommateurs ont manifesté une forte demande pour deux marques en particulier et on parlait alors de pénurie chaque fois que ces deux marques se faisaient rares dans les étalages alors que des stocks énormes des autres marques remplissaient les mêmes étalages.

Que faire alors ?

La nouveauté cette année est que le ministère de commerce aura à superviser l’opération de déstockage chez toutes les laiteries. Chaque laiterie n’a plus la latitude de vendre librement ses produits vu qu’elle aura un niveau de stock mensuel à respecter sous peine de voir sa subvention de stockage et sa production de produits à forte valeur ajoutée confisquées.

Le paradoxe qui m’inquiète dans toute cette histoire est le suivant :

Pourquoi sévir au niveau du secteur organisé durant la basse saison de production et fermer les yeux sur les agissements d’un secteur informel qui ne connaît son apogée que durant la même période? Pourtant les textes législatifs interdisant la vente directe du lait cru sont explicites, les services du ministère du commerce n’auront qu’à appliquer la loi.

Pourquoi les chiffres relatifs à l’approvisionnement du marché durant cette période seraient plus importants que le pourcentage du frelatage et le nombre de germes pathogènes : brucellose, salmonellose, listeria, tuberculose,…que renferme le lait colporté de porte à porte ou destiné aux crèmeries des zones urbaines et péri-urbaines?

Ne serait-il pas plus judicieux de sévir auprès de ces colporteurs et permettre ainsi de rediriger plus de lait cru vers les laiteries, (environ 500 000 à 600 000 L/j de lait cru (ou ce qui ressemble à du lait cru) approvisionnent les crèmeries du Grand Tunis au mois de Ramadan) ?

A méditer

2 commentaires:

BEN GAYESS a dit…

La filière lait est composée de plusieurs maillons.Tous,sont sensés agir en partenariat pour commercialiser un lait en quantité et qualité suffisante.Le colportage et la livraison directe du lait cru ne peut pas occulté la variabilité saisonnière de la PL.De même,la qualité bactériologique du lait cru ne représente pas l'unique source potentielle nuisible à la santé humaine.Je m'explique!Les organismes étatiques(MA,OEP)nous relatent de la bonne conduite des unités laitières(alimentaire,sanitaire et reproduction)ce qui suppose une régulière PL durant l'année.Or,la réalité c'est que cette dernière est fluctuante(saisonnière)caractérisée par une période de haute lactation(pic) et une basse lactation!!Ce qui a obligé les instances de tutelles à miser sur le stockage stratégique.Quand à la santé animale,les services de PA en partenariat avec les vétos privés(par le biais du mandat sanitaire)disposent des moyens nécessaires pour lutter contre les maladies transmissibles par le lait(brucellose,tuberculose).On parle d'une de couverture sanitaire idéale,càd d'un cheptel indemne!!Bref,on est devant 2 hypothèses probables:1/un cheptel indemne+PL suffisante ou 2/Couverture sanitaire mitigée+PL déréglée.Que faire?Pour répondre à cette question,une seule voie:Une consultation nationale..une approche réellement participative et ascendante..mise à la disposition du public d'une information crédible.Amicalement

Blog Laitier Tunisien a dit…

@fermg : on est loin d'une couverture sanitaire idéale, une enquête faite récemment par le CTA sur le lait colporté dans le Grand Tunis a montré la présence de plusieurs germes pathogènes de type brucella, mycobacterium, salmonella,... sans parler des autres substances stabilisantes utilisées pour préserver le lait contre l'acidité. Nous sommes encore loin d'une couverture sanitaire animale efficace.

Par ailleurs depuis longtemps on assiste impuissemment à l'émergence de pseudo-véterinaire qui traitent avec des tarifs concurrentiels les mammites, les métrites,... La présence de résidus d'antibiotiques dans le lait cru lors de la saison de basse production (qui correspond en partie à la saison de vêlage)empêche la réception de quantités supplémentaires de lait par les laiteries. Où va ce lait "riche" en antibiotiques? Evidemment dans le circuit informel.

De ce fait, la réorganisation de cette vente directe avec une traçabilité efficace permettant de garantir un lait salubre est plus que nécessaire et à mon sens la mise en oeuvre n'est pas difficile mais elle demande une volonté de la part des autorités de tutelle et amoindrir la part de l'approche sociale dans ce genre de démarche.

Un autre travail de longue haleine nous attend pour réduire le ratio Haute saison de production/basse saison de production.

Cordialement