samedi 4 septembre 2010

Fourrages grossiers et aliments concentrés simples : Risque de pénurie ou prémices d'une spéculation? Recommanndations.

Un article publié ce matin par le quotidien "Assabah" a attiré on attention par son contenu alarmiste prédisant un scénario catastrophe rappelant la crise du lait à la fin 2007 et au début de 2008 avec son lot d'abattage de troupeau, d'inflation (augmentation significative des aliments concentrés, trois augmentations au niveau du prix minimum garanti du lait cru à la production,...).

A mon sens une répétition de ce scénario est peu probable même si des augmentations des prix des fourrages grossiers et des aliments concentrés sont fort probable, mais de telles augmentations seraient inférieures aux niveaux atteints en 2007 et 2008.

Les analystes de la FAO sont unanimes quant aux tensions que pourraient connaître les marchés des céréales et des oléagineux, mais ces tensions ne risqueraient pas d'entraver l'équilibre entre l'offre et la demande. Nous serons loin par exemple des 800 $ la tonne de blé et des 400 $ la tonne d'orge (arrivée ports de Tunisie). Les prix de ces céréales pourraient de stabiliser autour de 300 $ et 180 $ la tonne (c.f. www.fao.org). Si des mesures provisoires sont légiférées afin de suspendre par exemple la TVA sur les aliments concentrés (à titre d'information ces aliments représentent entre 50 à 60% de la ration des bovins laitiers en Tunisie), nos éleveurs ne risqueront pas de connaître des jours difficiles.

De ce fait, une diminution de la production et de la collecte du lait seraient peu probable. En effet, les prix pratiqués actuellement eu niveau de l'amont laitier permettent de sauvegarder une bonne marge opérationnelle pour les éleveurs. Je tiens à rappeler que ce prix (580 millimes/L au minimum) est supérieur aux prix pratiqués par exemple en France (entre 520 et 540 millimes/L) pour un qualité incomparable.

Et la spéculation alors?

A l'approche de la basse saison de production (de septembre jusqu'à janvier) la rengaine sur l'abattage ou le transfert transfrontalier des bovins laitier est reprise par les collecteurs de lait pour espérer des augmentations de prix, pour camoufler une vente directe de lait cru, ou légitimer le frelatage du lait.... Et comme par hasard la lait coule à flot une fois on atteint le mois de février.

A mon sens, la mise en place d'une stratégie pour parfaire la production nationale céréalière doit englober aussi la restructuration de l'élevage laitier et de la production fourragère. Le système actuel de production laitière et de la collecte a atteint ses objectifs mais il a montré aussi ses limites.

Je m'explique

On recense plus de 110 000 "éleveurs" ou dont la plupart sont des pseudo-éleveurs qui manquent de qualification pour conduire correctement un élevage même de moins de 5 vaches. La plupart de ces micro-troupeaux souffrent de mammites subcliniques, d'acidose latente, et d'autres maladies métaboliques... Assurer un encadrement et une formation à toute cette population est une tâche titanesque même si tous les opérateurs émettent une volonté pour la réaliser...

L'autre problème de taille est l'élevage laitier hors-sole qui sévit dans les régions du centre littoral, du centre steppique et du sud est (excepté la cas particulier de Gabès). Ce type d'élevage couplé aux contraintes citées dans le paragraphe précédent est très sensible à toute modification des cours des fourrages grossiers et des aliments concentrés simples. Pour combien de temps nous verrons encore les gouvernorats de Mahdia et de Sfax devançant les gouvernorats de Jendouba, Béjà et Bizerte en terme de collecte de lait? Pour combien de temps cautionnerions nous une telle aberration?

Une stratégie sur 10 à 15 ans est à réfléchir afin de permettre le passage vers un système de production basé sur des exploitations laitières spécialisées et viables.

Mon scénario favori?

Mettre les 40 000 ha irrigués de la plaine de Bousalem, les 10 000 ha de la plaine hydromorphes de mabtouh via la mise en oeuvre de travaux de CES, les 30 000 ha des prairies de séjenène pourront facilement abriter 160 000 Prim'Holstein. Aux décideurs de voir la taille optimale des troupeaux (économiquement parlant) et de faire les comptes (coûts de reconversion des 95% des pseudo-éleveurs vers d'autres vocations....).

Je serai plus proléfique dans de prochaines notes

5 commentaires:

BEN GAYESS a dit…

Les 13 entraves:
1/La production agricole en Tunisie est de type pluviale.
2/Le morcellement est phénoménal.
3/Les PI sont orientés plutôt à l'arbo et le maraîchage avec une faible intégration de l'élevage.
4/Un cheptel entretenu,dans sa grande majorité,sur les PEA à faibles productivités(charge animale importante).
5/Les GEA ont une faible charge animale(faible intégration de l'élevage laitier).
6/La pyramide d'âge des agriculteurs est inversée,la relève et la pérennité sont mis en cause.
7/La vulgarisation est à rudes épreuves(moyens humains,techniques et logistiques).
8/La recherche est caractérisée par son aspect imitatif qu'innovateur.
9/Une politique des prix de produits agricoles à caractère social et politique.
10/Le financement agricole est dérisoire(9% du global des investissement).
11/Un circuit informel en matière de financement à court terme dynamique.
12/Un secteur où pilule des spéculateurs de tous genres(y compris le secteur formel en matière de collecte).
13/Le travail corporatif et associatif est un tabou.

Blog Laitier Tunisien a dit…

@fermg : Tu as résumé presque tout. Il faut à monavis une réelle volonté politique et une approche plutôt économique que sociale pour éliminer une grande partie de ces entraves.

Blog Laitier Tunisien a dit…

Commentaire intéressant de M. Moujahed envoyé par e-mail :
"L'alternative que vous avez poposez ne manque pas de bon sens et mérite d'etre étudiée, notamment au niveau économique vu l'énorme investissement que demanderaient les amanagement de CES notamment concernant le Mabtouh et aussi les prairies de Sedjnen. Cependant, meme si les aspects techniques et économique le permettaient le problème ne sera résolut que moyennant un arsenanl de mesures juridiques organisant le secteur, notemment au niveau de la collecte du lait, la commercialisation des fourrages et des animaux. Autrement, toute alternative ne fera que déplacer ou reporter le problème vers un avenir ou les réalités économiques mondiales ne seraient pas forcément les memes qu'aujourd'hui...En tout cas merci pour les idées pertinantes que vous avez proposez.

Bien à vous "

kastalli a dit…

L’alimentation du bétail est très couteuse (concentré, paille, foin …) les prix du lait est dérisoire il ne fait qu’encourager la fuite du bétail vers l’Algérie les grands étables de bled Béja . Mateur et Jendouba sous vides, nous avançons vers une pénurie certaine dans les prochaines années , les éleveurs du Sud sont entrain de liquider leurs cheptels. L’effondrement de l’élevage entraine avec lui l’effondrement de toute une structure qui est actuellement responsable de la stabilité, de la paix et de l’équilibre social . Il faut que le prix du lait soit à 1 dinar 100 càd 2 fois le kg de concentré pour éviter la descente de nos vaches vers l’abattoir

Blog Laitier Tunisien a dit…

@kastalli : Je ne suis pas tout à fait d'accord à vous pour diverses raisons :
1/l'élevage laitier dans le centre et le sud est une aberration et quelques soit le coût du litre du lait l'élevage laitier en hors sole reste très coûteux et ne permet pas de dégager de la marge
2/les fourrages grossiers sont d'une qualité médiocre et pour cause les producteurs (qui ne sont pas des éleveurs) privilégie la quantité au détriment de la qualité
3/Nous n'avons que très peu de véritables éleveurs (qui font de l'élevage leur métier)qui maitrisent les techniques modernes de l'élevage (allottement, rationnement, sélection,...). La majorité des autres propriétaires du bétail sont loin de maitriser les mêmes techniques ce qui explique la faible productivité de leur bétail. Une Holstein ayant un potentiel génétique de plus de 8000 L/lactation produit à peine plus de la moitié de ce potentiel. Par conséquent elle devient économiquement non rentable.
4/Le contrôle laxiste des unités de production d'aliments composés entrave le rapport qualité/prix de ces derniers: diminution du poids, fausse formulation (écorces d'amande, criae,...) , aliments concentrés simples avariés,...

Par ailleurs on ne peut pas augmenter indéfiniment le prix du lait. Il est actuellement 30% plus cher que la moyenne des prix pratiqués dans l'union européenne, et 80% plus cher que le cours mondial pour une qualité souvent supérieure à la notre.