mardi 15 mars 2011

Secteur laitier : les causes d'une crise passagère

Y’a-t-il vraiment plus de lait produit en Tunisie que l’année dernière ?

Personnellement, je ne le crois pas. La variation ne dépassera pas les 2 à 3% ce qui n’est pas de nature à causer une surplus au niveau de l’offre de la fourniture laitière. Cependant, il est clair que certains industriels connaissent des difficultés dans l’écoulement de leurs productions (yaourteries, fromageries) ou de leurs stocks de produits (lait de boisson). Par ailleurs, la ruée vers les produits artisanaux du secteur informel connaît aussi un fléchissement.

Le réflexe le plus facile et le plus rapide consiste à la diminution des quantités de lait cru au niveau des quai de réception de ces laiteries et au niveau des crèmeries. Durant la haute saison de production les débouchées pour cette fourniture laitière refoulées (non pas à cause d’une mauvaise qualité) aux quais de réception ne sont pas évidentes vu que la capacité de transformation qui est en temps normal (et ce depuis des années) inférieure à l’offre de la fourniture laitière durant cette saison.

Comment dénouer cette crise ?

A mon sens, trois mécanismes doivent être mis en place conjointement : i)Tunisie Lait qui a été soulagé du plus du tiers de son stock de lait de boisson (3 500 000 L achetés par le ministère du commerce) a l’obligation de doubler sa réception (de 180 000 L/j en moyenne à 360 000 L/j en moyenne), ii) l’unité de séchage doit démarrer le plus tôt que possible ce qui pourra soulager les collecteurs de lait cru d’environ 120 000 L/j en moyenne (évidemment si la qualité de ce lait cru répond aux exigences de ce type de transformation, iii) faciliter à moyen terme l’exportation vers les pays limitrophes.

Quelques actions symboliques sont de nature à permettre ponctuellement des consommations record des produits laitiers : citons entre autres organisation de journées nationales invitant les citoyens à consommer exceptionnellement 3 verres de lait…

Cependant, et quoiqu’il advienne la situation du secteur laitier sera meilleure dans les cinq prochaines années.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Pour résoudre ce problème d'excédent laitier qui est devenu structurel, il est impératif d'organiser un séminaire national auquel il faudra inviter :
- Les éleveurs
- Les centres de collecte
- Les usines de transformation (centrales laitières et fromagers, etc.)
- L'UTAP
- L'OEP
- Le GIVRLAIT
- Le Ministère du commerce
- Le Ministère des Finances
- L'Organisation de déffence du consommateur
- Et tous les intervenants dans le domaine laitier en général
Ce séminaire doit être organisé par le Ministère de l'Agriculture et de l'Environnement
A la lumière de ce séminaire, on doit aboutir à la prise de décisions qui permettront de résoudre les problèmes de ce secteur.
Personnellement, je recommande :
- La révision des subventions aux niveaux du collecte et de la transformation
- L'augmention du stock stratégique à 100 millions de litres afin d'inciter les industriels à augmenter leur capacité de réception et de transformation, notamment la centrale de Sidi Bou Ali qui travaille à mi-capacité
- Baisser la TVA sur les fromages afin d'inciter les tunisiens à consommer plus de fromage
- Mieux organiser les croisements industriels au niveau du cheptel afin de préserver des équilibres des effectifs et avoir plus de produits de croisement qui absorberont plus de lait au niveau de la ferme
- Prospecter les possibilités d'exportation du lait et des produits laitiers vers les pays voisins
- Etudier la possibilité d'exportation du lait frais vers l'Algérie (je suis certain qu'il y a plusieurs industriels algériens qui ont manifesté leur intérêt pour l'achat à partir de la Tunisie et sont implantés dans des régions limitrophes)

Concernant le séchage du lait, je considère qu'il n'est pas rentable, surtout avec le coût de l'énergie qui est assez élevé.

Naoufel CHEBBI
Ingénieur Zootechnicien, Généticien
Spécialiste des productions animales et de la planification pour le développement

Omrane a dit…

...la crise est répétitive depuis un certain nombre d'années "d'autosuffisance" laitiére (je n y crois pas vu que la part de l'aliment concentré dans la production est "importée!)..beaucoup de mesures ont été prises à chaque crise...dont certaines sont justifiées techniquement mais tant d'autres étaient plutot "politiques"...un dossier vraiment à revoir par toutes les instances intervenantes (pareil pour les autres productions agricoles)